Pour la science en français : la traduction automatique, une avenue prometteuse

Contexte

À l’automne 2023, le Commissaire à la langue française (CLF) a rendu public l’avis Le français, langue du savoir? Pour une approche structurée de l’usage de la traduction automatique dans le milieu scientifique. Dans cet avis, il propose plusieurs mesures pour renforcer la place du français en science et en recherche au Québec grâce aux nouvelles technologies de la traduction, et aux avancées de la traduction automatique neuronale (TAN), parmi lesquelles :   

  • rendre accessible à l’ensemble de la communauté universitaire l’information nécessaire pour utiliser la traduction automatique; 
  • assurer la présence du français dans les activités scientifiques qui ont lieu dans les universités; 
  • traduire les publications de langue anglaise les plus importantes qui sont utilisées ou produites par les membres de la communauté universitaire; 
  • offrir un accompagnement en traduction pour répondre aux besoins variés des membres de la communauté universitaire. 

Pour mettre en œuvre de telles mesures, la communauté universitaire devra toutefois s’assurer de travailler de concert avec les spécialistes de la traduction et de la terminologie. La performance de la traduction automatique dépend largement de l’expertise humaine, et ce, autant en amont qu’en aval du processus. En amont, les systèmes de traduction automatique reposent en grande partie sur les traductions effectuées par des spécialistes de la linguistique et de la traduction. En aval, la production de textes de qualité exige de combiner la traduction automatique et la postédition, un travail professionnel qui s’effectue souvent à l’aide d’un des nombreux outils de traduction assistée par ordinateur offerts sur le marché. Pour certains usages, la traduction professionnelle demeure irremplaçable. 

Bien que puissants, les outils de traduction automatique sont imparfaits et mal compris de leurs utilisateurs. De plus, un mauvais usage peut mener à une violation du droit d’auteur et de la confidentialité, ou encore à la diffusion de textes contenant des erreurs de traduction potentiellement dommageables. Ces risques sont bien réels dans le milieu scientifique. Un usage raisonné de ces outils, éclairé par les spécialistes des différents domaines touchant à la traduction automatique, est donc nécessaire.  

La communauté universitaire peut s’inspirer des pratiques en milieu professionnel, au sein duquel s’est développée une expertise précieuse en traduction spécialisée. En effet, plusieurs organisations ont déjà recours aux outils de traduction assistée par ordinateur sur une base régulière. Ces outils sont compatibles avec des moteurs de traduction automatique et ils intègrent de nombreuses autres fonctionnalités, comme des mémoires de traduction, des interfaces de postédition, des lexiques et des outils de contrôle qualité. 

Cette journée d’étude sera l’occasion de montrer comment les nouvelles technologies de la traduction et les pratiques de traduction spécialisée dans le milieu professionnel peuvent contribuer à redonner au français une place de choix en science et en recherche au Québec. Les discussions permettront de dégager des pistes d’action concrètes pour la communauté universitaire et d’engager un dialogue entre le milieu scientifique et le milieu professionnel de la traduction et de la terminologie.