Québec, le 2 octobre 2025 –Le commissaire à la langue française, M. Benoît Dubreuil, a participé aujourd’hui à la consultation publique sur la planification de l’immigration au Québec pour la période 2026-2029. Il a alors soumis 11 recommandations aux membres de la Commission des relations avec les citoyens (CRC) pour renforcer l’utilisation du français par les personnes immigrantes.
Ces recommandations sont expliquées dans le mémoire que le commissaire a déposé à la CRC. Ce mémoire est aussi accessible dans le site Web du Commissaire à la langue française au commissairelanguefrancaise.quebec.
Présentation sommaire des recommandations
Sur la connaissance du français avant l’arrivée
Le commissaire a formulé différentes recommandations pour accroître le niveau de connaissance du français des personnes immigrantes à leur arrivée au Québec. En effet, les efforts de francisation actuels ont une portée très limitée. Parmi les nouveaux arrivants qui ne connaissent pas le français, la plupart ne suivent pas assez longtemps les cours de français pour maîtriser la langue. De plus, un bon nombre connaissent l’anglais et l’adoptent spontanément l’anglais à leur arrivée.
« L’exigence d’une connaissance du français, désormais imposée à tous les immigrants économiques, contribuera à améliorer la situation. Cependant, nous recommandons aussi d’imposer une connaissance minimale du français aux travailleurs étrangers temporaires et d’accroître de façon substantielle la part des étudiants étrangers qui étudient en français », a souligné le commissaire Dubreuil.
Sur le contexte d’insertion
Trois facteurs permettent de prédire une utilisation dominante du français : résider durablement à l’extérieur de Montréal et de Gatineau, avoir suivi des études prolongées en français dans un établissement francophone, et évoluer dans un milieu de travail où le français est largement utilisé. Pour cette raison, le commissaire considère que le ministère de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration (MIFI) ne devrait pas se contenter de prioriser les immigrants économiques déjà présents au Québec, mais plutôt admettre uniquement ceux qui sont durablement intégrés dans un environnement francophone.
Le commissaire Dubreuil recommande d’introduire un filtre de sélection en invitant au Programme de sélection des travailleurs qualifiés (PSTQ) uniquement les personnes ayant évolué pendant au moins trois ans dans l’un des contextes suivants : une région située hors des RMR de Montréal et de Gatineau, un établissement d’enseignement francophone, ou un secteur économique où le français est largement utilisé.
Sur l’intégration
Les politiques menées ces dernières décennies n’ont pas réussi à susciter, chez de nombreuses personnes issues de l’immigration un sentiment d’adhésion et de pleine participation à la culture québécoise. Il importe au commissaire à la langue française de favoriser la création de liens significatifs et suffisamment nombreux entre les personnes qui sont issues de l’immigration et celles qui ne le sont pas, que ce soit dans les écoles, les établissements postsecondaires, les milieux de travail et les milieux associatifs. Le commissaire estime donc que la politique d’intégration en préparation devrait inclure des mesures pour assurer la mixité des milieux d’accueil et encourager les rapprochements interculturels.
Puisque la forte concentration de l’immigration dans les régions de Montréal et de Gatineau limite grandement ces occasions de contact, le commissaire propose de réserver l’admission au PSTQ aux personnes établies de manière durable à l’extérieur de ces deux régions en attendant l’adoption d’une politique d’intégration efficace.
Sur les volumes d’immigration et la part de l’immigration économique
Le gouvernement présente trois scénarios d’immigration, entre 25 000 et 45 000 admissions. Le commissaire considère que le scénario le plus élevé pourrait être acceptable si le MIFI lui garantissait que les personnes admises connaissent le français et qu’elles sont déjà intégrées dans des milieux où le français est la langue habituelle et qu’elles ont l’occasion d’établir des liens significatifs avec des personnes non immigrantes.
Sur la part de l’immigration économique
Le commissaire recommande de réduire légèrement la part de l’immigration économique pour rétablir l’équilibre entre celle-ci et le regroupement familial. L’utilisation du français parmi les personnes parrainées demeure toujours trop faible, et on doit impérativement trouver des manières de l’accroître en travaillant avec le gouvernement fédéral.
Sur la part de l’immigration que le Québec ne contrôle pas
Du côté de l’immigration temporaire, le commissaire partage l’avis du gouvernement : la gestion fédérale du Programme de mobilité internationale (PMI) nuit au français et va à l’encontre de l’esprit de l’Accord Québec-Canada en immigration. Il réitère donc que la connaissance du français devrait être exigée pour l’obtention du permis de travail postdiplôme et du permis de travail de conjoint. « Les services publics du Québec sont donnés exclusivement en français en vertu de la Charte de la langue française, et ce, même auprès d’un immigrant qui arrive par une voie que le Québec ne contrôle pas, a rappelé le commissaire adjoint à la langue française, Me Éric Poirier. Le gouvernement fédéral doit en prendre acte. »
Par ailleurs, le commissaire juge qu’aucune stratégie crédible n’a été mise en place pour assurer la francisation et l’intégration culturelle des quelque 200 000 demandeurs d’asile arrivés au Québec au cours des dix dernières années. Les sommes réclamées par Québec à Ottawa servent uniquement à couvrir les coûts immédiats des services rendus aux demandeurs d’asile et ne tiennent pas compte des investissements requis pour leur francisation et leur intégration. Le commissaire Dubreuil réitère que le Québec doit exiger une réforme du système d’asile canadien et conclure une entente fédérale-provinciale garantissant la répartition équitable des demandeurs d’asile et leur prise en charge complète pendant toute la durée nécessaire à leur francisation et leur intégration.
À propos du Commissaire à la langue française
En vertu de sa mission, le Commissaire à la langue française surveille l’évolution de la situation linguistique du Québec. Il formule, à l’attention du gouvernement ou de l’Assemblée nationale, tout avis ou recommandation pour favoriser l’usage du français comme langue commune.